Interview de Henri Grellois, Co-fondateur d'Octave Family Office, Administrateur de l'Association Française du Family Office
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Vous parliez de votre clientèle, il y a-t-il une évolution de la typologie de vos clients ?
Aujourd’hui, de plus en plus de fortunes se font très rapidement grâce à la Tech. Cette accélération a en- traîné la création de nombreux family offices. Il est vrai que la relation à l’investissement d’un entrepreneur diffère généralement de celle d’une famille de plusieurs générations. L’entrepreneur de première génération a souvent des attentes de rendement plus significatives, parfois même très élevée lié au taux de rendement sur investissement réalisé sur son entreprise, il a tendance à avoir une approche en- trepreneuriale de l’investissement et une approche du risque différente, mais également une appétence plus prononcée pour le capital risque (activité de business angel, création de startup studio, création de club deal...), et l’immobilier en direct (création et développement de foncières privées, activité de marchand de biens, ...). L’entrepreneur a souvent un recours à l’endettement plus im- portant, le levier du crédit étant généralement utilisé de manière significative pour l’immobilier direct, et certains investissements en private equity. Son intérêt est générale- ment moindre pour la finance traditionnelle, sur les actifs cotés, et il s’implique de façon importante dans le choix desinvestissements,avecréactivité(cequiluipermetde saisir des « coups de fusils » lorsque les familles de plusieurs générations décident de leurs allocations en comités d’investissements et disposent donc de moins d’agilité pour certains types d’investissements comme l’im- mobilier en direct). Autre point fréquent chez les entre- preneurs, leur volonté de réserver dans l’allocation stratégique une poche « fun » (sans objectif de rendement ou de préservation du capital) pour investir notamment dans des start-up en pré-amorçage, des crypto-actifs, des petites opérations de dette privée immobilière en local en direct, des voitures de collection, etc. Pour répondre de façon pragmatique aux besoins de cette « nouvelle » clientèle, les family offices doivent gérer leur patrimoine comme une entreprise, en réalisant du « con- trôle de gestion » sur le passé, en créant des indicateurs sur mesure, et en élaborant des « business plan du patri- moine » afin de voir la faisabilité d’atteinte de leurs objec- tifs (notamment de création de revenus) en fonction des différentes pistes et hypothèses choisies, dans des scénarios pessimistes, réalistes et optimistes (la réalisation de stress test favorisant les décisions éclairées d’allocation). En quelque sorte, les family offices se révèlent alors être de véri- tables « DAF patrimoniaux » aux côtés de leurs clients.
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